Par décret publié au journal officiel du 28 juin 2017, le gouvernement a permis aux collectivités territoriales de déroger à la règle générale de la semaine scolaire. Cette mesure permet de changer les rythmes des écoliers pour la quatrième fois en 9 ans.
Ainsi donc, en Vendée, 61 communes sur les 260 concernées ont décidé de revenir à la semaine de quatre jours d’école, dès cette rentrée scolaire.
Après la mise en place de la semaine de 4 jours en 2008, une réforme des rythmes scolaires est instituée en 2013. Elle organise la semaine scolaire sur cinq journées. Elle a pour objectif premier d’améliorer la répartition des heures de classe sur la semaine tout en allégeant le temps réservé aux apprentissages dits fondamentaux chaque jour. Cette réforme prend en compte, pour le moins, les recommandations de l’Académie de Médecine, celles des scientifiques de la chronobiologie, celles des missions parlementaires et de la conférence nationale de janvier 2011.
Revenir à la semaine de quatre jours, c’est contredire tous ces avis d‘experts qui, de façon convergente, ont constaté qu’une organisation des rythmes scolaires sur quatre jours de la semaine ne favorisait pas les apprentissages.
Revenir à la semaine de quatre jours, c’est se précipiter, sans avoir pris le temps de la réflexion et de la concertation, vers ce qui pourrait être un recul important des acquisitions des enfants avant même d’avoir évalué le dispositif mis en place. Aucun travail scientifique ne vient corroborer l’idée véhiculée, que la mise en oeuvre des ex nouveaux rythmes scolaires aurait entrainé plus de fatigue chez les enfants. Pourquoi faudrait-il que, seuls les petits français parmi leurs pairs de l’OCDE, soient fatigués en allant cinq jours à l’école ?
Revenir à la semaine de quatre jours, c’est faire fi de l’intérêt supérieur de l’enfant pour favoriser les intérêts économiques des collectivités, c’est privilégier les modes de vie des adultes, c’est laisser au bon vouloir des élus locaux les missions de ce que devrait être une vraie ambition nationale d’éducation publique permettant de lutter contre les inégalités sociales et territoriales.
Revenir à la semaine de quatre jours, c’est aussi faire fi des efforts réalisés pour former des animateurs, des éducateurs qui vont évidemment payer un fort tribut. Il est fort probable qu’un plan social dans le sport et l’animation soit inéluctable. Ces emplois, principalement pourvus par un public jeune, souvent en recherche d’insertion sociale ou professionnelle sont compromis. C’est aussi mettre en péril l’équilibre économique de nombreuses associations qui se sont impliquées dans cette réforme.
Enfin revenir à la semaine de quatre jours, c’est faire fi de la contribution, de l’investissement de tous les membres de la communauté éducative (collectivités, enseignants, associations, parents …..) pour écrire un projet cohérent prenant en compte tous les temps de vie de l’enfant. Que va devenir le Projet éducatif de territoire ? Comment va –t-on continuer à demander la mobilisation et la coopération de tous les acteurs quand les priorités affichées ne relèvent pas de l’intérêt supérieur de l’enfant ? Enfin, quelle crédibilité accorder à un dispositif dont le système dérogatoire mis en place cette année deviendra la règle dès l’année prochaine ? Les enjeux de l’ Éducation mériteraient que l’on prenne le temps d’évaluer les dispositifs mis en place avant de les décrier et d’y mettre fin.
C’est pour toutes ces raisons que La Ligue de l’Enseignement apportera son soutien aux projets éducatifs de territoires (PEDT) auxquels elle croit toujours.
Le bureau de la Ligue de l’enseignement-85