La laïcité est assez simple à définir. C’est le cadre juridique et politique qui unit indissociablement trois principes : la liberté de conscience, l’égalité des droits, l’universalité de la puissance publique. Ce cadre juridique c’est la laïcité ; c’est cette neutralité de la puissance publique qui est le corollaire de son universalité. Cette définition d’Henri Pena Ruiz est des plus simples et des plus efficaces.
Pour continuer avec lui : « l’offensive assez vive contre la laïcité, s’opère toujours avec la même stratégie : elle n’est pas attaquée de front, mais relativisée, assignée à résidence. On prétend qu’elle est une spécificité française, comme une recette culinaire, qu’elle n’est pas exportable. Or, quand on relativise un principe, on l’affaiblit. Pour moi, il n’y a qu’une seule laïcité. »
Le débat sur l’accompagnement des sorties scolaires par des parents d’élèves vient d’être relancé. Manifestement, dans le débat actuel, ce qui fait problème n’est pas de poser de façon générale la question du respect de la laïcité, mais de la poser pour les seules « maman voilées ».
La législation actuelle portant sur l’accompagnement des sorties scolaires par les parents d’élèves, se réfère à la loi du 15 mars 2004 « encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » ; elle ne concerne pas les parents d’élèves. En d’autres termes, les parents d’élèves ne peuvent être soumis au principe de neutralité que lorsqu’ils exercent la mission de service public de l’éducation nationale. Les textes sont parfaitement clairs. Il appartient à tous de les respecter.
Bien d’autres lois existent et qui ne conviennent pas en totalité aux citoyens mais qu’ils sont obligés de respecter sans pour autant qu’ils demandent à les modifier à chaque fois que cela les arrange. La liberté d’expression qui nous est si chère, est un droit, certes, mais il faut veiller, surtout avec le développement des nouvelles technologies, à ne pas en abuser ou en profiter pour étaler des approximations, des contre-vérités ou tenir des propose erronés. À titre d’illustration, le seul exemple de l’amalgame de la laïcité, du féminisme, du droit des femmes, de l’égalité hommes femmes, montre combien, dans le tourbillon des échanges en tous genres, il est vite oublié que tous ces principes sont différents juridiquement.
Entretenir ou attiser une polémique qui, pour rappel, ne doit pas être favorable à des règlements de compte vis à vis des religions quelles qu’elles soient, renforce l’idée de vouloir modifier la loi de 1905 ; ce que nous réfutons fermement.
Aujourd’hui, les Français sont peut-être plus intéressés par un débat portant sur l’Islam que sur la laïcité.
Jean Michel Ducomte invite à « (…) prendre du recul et le temps nécessaire de la réflexion pour ne pas oublier que le Rassemblement national voit dans le laïcité un instrument de sauvegarde d’une idée fantasmée et identitaire de la France. La qualité de Français se jugeant davantage au comportement que l’on adopte qu’au partage de valeurs communes. Tout ce qui visiblement heurte est sommé de disparaître. L’ennemi c’est la religion musulmane et ses pratiques vestimentaires, cultuelles ou alimentaires. La laïcité acquiert pour eux une fonction épurative, éradicatrice, exactement à rebours de la conception qu’en avancent les rédacteurs de la loi du 9 décembre 1905. Il ne faut pas que la laïcité cesse d’être un outil d’émancipation et un principe de liberté au profit d’un instrument permettant de purger l’univers visible de ce qui blesse le regard d’une partie de la société. »
La Ligue de l’enseignement, quant à elle, continuera quoiqu’il arrive et comme elle le fait depuis plus de 150 ans à mener un combat en faveur du principe républicain de laïcité et en faveur de l’instruction publique laïque, gratuite et obligatoire, seule garante de l’éducation de citoyens émancipés, éclairés et fraternels.
Le Bureau de la Ligue de l’enseignement – F.O.L. Vendée