Dans le cadre d’un projet prévention « Bien dans mon corps, bien dans ma tête » en arts plastiques, 7 jeunes filles âgées de 11 à 15 ans ont souhaité travailler pendant plusieurs mois sur la création d’un visuel. Les thèmes sont les suivants : l’identité de genre, les orientations sexuelles et affectives, le sigle LGBT. Camille, chargée de mission et Amélie, service civique à la ligue de l’enseignement de la Vendée et au sein de l’association Contact sont intervenues sur le Campus espace jeunes de Luçon pour échanger avec elles.
L’éducation à la sexualité se fonde sur les valeurs d’égalité, de respect de soi et d’autrui. Elle veille à garantir le respect du droit à l’intimité et à la vie privée de chacun. Un cadre de confiance a été établi dès le début de cet échange. Celui-ci permet à toutes les personnes présentes de se sentir libre de s’exprimer sans jugement.
Le but de cette rencontre étant de faire de la prévention et d’être à l’écoute de ces jeunes. De nombreuses questions interviennent à leur âge, le corps change, les relations interpersonnelles évoluent.
DE LA COMPRÉHENSION DES TERMES LGBTQIA+…
Dans un premier temps, Amélie et Camille leur ont expliqué le terme LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel.le, transgenre, queer, intersexe, asexuel.le, aromantique, pansexuel.le, agenre, non binaire, allié.e, etc…) ce sigle désigne les personnes qui n’entrent ni dans la norme hétérosexuelle ni dans la norme cisgenre. La communauté LGBT cherche à faire évoluer la perception sociale des minorités sexuelles, de la transidentité et de l’intersexuation. Ce terme encore méconnue pour certain est très important pour ces jeunes.
« C’est injuste de mettre des personnes à l’écart à cause de leur sexualité ! » affirme T, 11 ans.
Le premier jeu « sexe et genre » a permis de bien différencier les termes « sexe », « identité de genre » et « expression de genre ».
En s’appuyant sur des personnalités actuelles qui incarnent ces identités ou expressions de genre dans des séries, dans le sport, dans la musique et bien d’autre.
Nous avons sensibilisées ces jeunes sur plusieurs aspects :
- Le style vestimentaire, l’apparence physique ne définit ni l’identité ni la sexualité d’une personne.
- Les bons termes à utiliser : « On ne devient pas transgenre, on l’a toujours été. Ce n’est pas un choix, on est comme on naît. » explique Amélie.
- Les orientations sexuelles sont multiples et peuvent varier au cours d’une vie.
- Jusqu’en 2010, le transsexualisme faisait partie de la liste des maladies mentales en France.
A LA MISE EN SITUATION
Dans un second temps, nous les avons mises face aux potentielles réactions de certains parents, médecins et proches qui apprennent l’orientation sexuelle d’une personne et qui ne l’accepte pas ou difficilement. Sous forme de jeu de rôle, nous avons inversé les normes sociétales : l’homosexualité devenant la norme. Elles sont désormais des personnes hétérosexuelles qui doivent faire face aux jugements de la société.
Camille et Amélie ont joué le rôle d’un médecin et d’un parent. Elles s’expriment en disant que ce n’est qu’une expérimentation, une crise d’adolescence et que c’est passager. « Vous ne vous rendez pas compte, vous ne pourrez pas vous tenir la main dans la rue. » « Dans la rue tout le monde va se retourner sur vous. » « D’où vous vient cette lubie soudaine de devenir hétéro ? » « C’est la honte pour la famille comment on va expliquer ça à vos grands mères ? »
Face à elles, les 7 jeunes filles revendiquent leur hétérosexualité. Elles se disent différentes et demandent à être acceptées telles qu’elles sont. C’est un bon moyen pour parler de discrimination et de lgbtphobies.
A la suite de ce jeu de rôle nous leur avons demandé leur ressenti. Elles se sont senties jugées et ont trouvé injuste le fait de ne pas être écoutées. Lorsqu’elles ont parlé de leur orientation sexuelle et affective, elles ont ressenti un traitement différent. Elles prônent l’acceptation des différences et demandent à être respectées.
« Je ne comprends pas pourquoi parler de sa sexualité est tabou » nous confie A, 14 ans.
Le bilan de cet échange est très positif. Les jeunes ont appris de nouveaux termes spécifiques et notamment la définition du sigle LGBT. Elles ont pu discuter librement, se confier à des professionnelles, poser des questions intimes. Nous avons discuté de thèmes qu’elles n’ont jamais osé aborder auparavant.
« Je me sens libérée d’avoir pu m’exprimer sur ce sujet » souligne M, 12 ans.
Une deuxième séance est prévue avec elles pour continuer les échanges et enrichir leur réflexion quand à la menée de ce projet. Nous avons rencontré des jeunes filles avec des positionnements affirmés et des questionnements très intéressants et avons hâte de les retrouver.