Marie-Thé – La Roche sur Yon
Auprès de quel public intervenez-vous, quel âge ont-ils ? Dans quel cadre et à quelle fréquence ?
J’interviens auprès des mamans qui séjournent au foyer de l’enfance pour des lectures pour les enfants de moins de 3 ans en présence de leurs mamans. Avec la psychologue qui gère le groupe nous avons convenu de recevoir les diades mère-enfant une à une ce qui permet aux mamans d’être plus concernées par leurs enfants et ne pas se positionner en rivalité avec les autres avec qui la vie quotidienne n’est pas toujours simple. J’y lis toutes les semaines mais selon l’emploi du temps de ces dates pour certaines cela n’a pas pu être régulier.
J’interviens aussi dans le salle d’attente PMI dans la Maison des Solidarités et des Familles des Forges. Nous avions débuté en janvier au moment des consultations soit au moins 3 fois par mois.
Pourquoi ce public ? Ce choix ? Vos motivations ?
Le public « petite enfance » était mon domaine professionnel, j’avais des contacts avec la PMI dans ce cadre car l’unité où je travaillais s’occupait de mamans en grandes difficultés psychologiques… Ces expériences aident dans des contextes complexes et j’ai pu voir que les bénévoles qui n’y étaient pas habituées ont eu des difficultés pour entrer en relation
Comment prenez vous en compte la place des familles lors de vos interventions ? Quelle place leur donnez-vous ? Les faites-vous participer ?
Il est évident qu’il faut faire en sorte d’ouvrir la porte de la curiosité tout en mettant en valeur leur jeunes bébés ou enfants. Souvent les parents en PMI ont été très surpris de découvrir que leurs petits peut s’intéresser aux albums. J’ai rencontré des parents très étonnés car pour la plupart, ils ne fréquentent pas les médiathèques. Quand ils ont des enfants plus grands ils évoquent les livres des aînés comme quelque chose d’important mais l’initiation est à créer avec eux pour les petits. Il arrive parfois que nous montrions comment tenir le livre devant le bébé, l’importance de choisir des illustrations simples, des formats adaptés… Ce n’est pas tant lire que raconter, que montrer, jouer avec le livre.
Il y a eu de belles expériences également avec des grand-parents.
Au foyer de l’enfance il faut du temps et beaucoup de prouesses « théâtrales » pour captiver les mamans. Souvent les enfants répondent plus vite et c’est en valorisant leur mémoire, leur évolution que peu à peu on montre aux mamans quelques notions d’utilisation du livre. Une maman qui a vécu un échec scolaire important, s’est maintenue loin des livres. C’était difficile pour elle de venir régulièrement à ce temps de lecture. C’est pourquoi le partenariat et la mobilisation de l’équipe semble aussi très importante.
Quel(s) « type(s) », « genre(s) » de livre lisez-vous ?
J’apporte toujours des livres divers, par leur format et leur contenu, leur texture : beaucoup de livres cartonnés ou plastifiés, imagiers, petites histoires, contes. En général les livres plaisent aux familles qui sont souvent ébahies par la diversité.
Quel(s) sujet(s) abordez-vous, généralement, avec eux ?
En PMI nous abordons les thèmes du sommeil, de la naissance, de l’alimentation, de la séparation, de la propreté, des sentiments mais aussi des comptines et des livres qui permettent de s’approprier les mots.
Avec chaque enfant les livres où il y a des jeux de coucou-caché sont des régals ainsi que les livres qui invitent l’enfant à participer aussi en tournant des caches.
Quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontré ?
En PMI on ne revoit que rarement les mêmes familles et on ne peut pas prévoir avant qui on va rencontrer. On peut aussi se retrouver avec la fratrie pendant la consultation du nourrisson donc il est important d’avoir un panel de propositions varié. On peut y passer 3h si on est disponible et ne voir que 3 enfants avec leur famille car les autres ne viennent pas ou les RDV sont bien programmés et ils ne séjournent pas en salle d’attente
Quel(s) bienfait(s), enrichissement(s) cela vous apporte ?
J’aime découvrir la population « petite enfance » et les contacts avec les familles d’origine bien différentes. Au Foyer départemental de l’enfance quand la confiance est établi les échanges sont vraiment de l’ordre « intergénérationnel ».
Une rencontre ou un échange qui vous aurait marqué ?
Une maman arrive en ronchonnant avec son bébé souffreteux… je ne me dégonfle pas, je commence par chanter pour dire bonjour au petit et là il sourit, la maman surprise écoute alors et ensuite me redemande des livres comptines qui se chantent. Elle sera souvent à l’initiative du chant par la suite. Dès qu’elle montre, par exemple, un animal à son fils elle cherche dans son répertoire de comptines. Je ne l’ai jamais entendu protester ensuite et elle est devenue une grande fidèle au rendez-vous , admirant les progrès réels de son enfant.
Que pouvez-vous dire, conseiller à une personne qui hésiterait à intervenir auprès de ce public ?
Venez voir… allons choisir des albums ensemble en expliquant quelques critères.
Quels sont vos outils ? (Pour aller à la rencontre de ce public, pour échanger avec eux, outils de médiation,…)
Je mets en évidence quelques albums sur la table ou le meuble. Parfois je sors des marionnettes mais déjà dans l’univers où nous intervenons il y a beaucoup de stimulations. Je préfère afficher l’objet livre pour que les adultes aient plaisir à découvrir.
Un livre qui a bien marché avec eux ?
Des livres de conte géants et cartonnés : les 3 petits cochons et Boucle d’or
Au contraire, un livre qui n’a pas fonctionné ?
Les livres qui traînent dans les salles d’attente !
Marie-Line – Fontenay le Comte
Auprès de quel public intervenez-vous, quel âge ont-ils ? Dans quel cadre et à quelle fréquence ?
C’est dans le service de pédiatrie de l’hôpital de Fontenay le Comte que j’ai l’occasion de lire à des enfants en présence de leur famille. Je peux donc rencontrer des parents, des grands-parents, une fratrie plus jeune ou plus âgée. Ces séances de lecture sont animées par 2 bénévoles de LFL, les lundis et jeudis de 16h30 à 17h30. Avec une équipe de 12 bénévoles, je vais donc en pédiatrie un jeudi sur 2 ou 3. L’âge des enfants va de 3 mois à 15-16 ans.
Pourquoi ce public ? Ce choix ? Vos motivations ?
Pour offrir un moment d’évasion, un bon dérivatif à l’ennui ou à l’angoisse et faire découvrir la lecture jeunesse à des bébés et parfois à des parents, source d’échanges constructifs et enrichissants. J’aime aussi promouvoir le langage écrit pour de futurs moments privilégiés entre parent et enfant et montrer de riches illustrations et la gamme étendue des albums comme les pop-up, les livres-jeux, les livres sans texte… Enfin je pense que j’aime nourrir l’imagination mais aussi donner le goût de lire, de fréquenter les bibliothèques et réduire les inégalités sociales.
Comment prenez vous en compte la place des familles lors de vos interventions ? Quelle place leur donnez-vous ? Les faites-vous participer ?
Dans ce contexte parfois, un parent seul s’échappe prendre l’air. Peu de parents refusent notre prestation. Pour beaucoup, ils sont en attente, curieux de ce divertissement, soulagés par cette aide extérieure. Je les invite énormément à participer( concours de devinettes), à chanter la comptine…J’en profite pour élaborer des questionnements sur ou dans le livre. C’est une façon de mettre en parallèle les réponses de l’enfant et de l’adulte.
Si le parent semble très intéressé, je donne quelques indications dans le choix des livres surtout pour les bébés.
Quel(s) « type(s) », « genre(s) » de livre lisez-vous ?
Des albums : livres comptines, livres jeux, contes randonnée, livres a tiroirs, livres découpés, pop up, livres sans texte mais aussi des documentaires, des quizzs, des poèmes, des contes et légendes, des nouvelles, de la mythologie et des livres humoristiques.
Quel(s) sujet(s) abordez-vous, généralement, avec eux ?
- Liés au calendrier : Halloween( sorcières), Noël, Printemps (Pâques), Eté (Mer, voyages)
- Sur la différence culturelle ou physique, l’écologie, la mythologie.
- Sur l’humour, la peur, l’amitié, l’art, la joie.
Quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontré ?
- Un parent qui refuse l’offre de lecture à son enfant.
- Entrer en relation avec des ados ou préados.
- La concurrence de la télévision ou du portable.
Quel(s) bienfait(s), enrichissement(s) cela vous apporte ?
Participer à l’éveil, au bien-être de l’enfant, voir leurs sourires me confortent dans l’idée que ce temps donné est bien utilisé, donc une réelle satisfaction. C’est aussi une occasion de jouer, mimer, rire aussi de leur réaction, du pur bonheur. Il y a également une vraie reconnaissance exprimée par l’équipe de soignants.
Une rencontre ou un échange qui vous aurait marqué ?
- Une petite fille de 10 mois qui applaudit à la fin de la lecture.
- Dès le début de la lecture un enfant d’un an très agité se calme à la stupéfaction des parents.
- Toute une famille qui rit à une mise en scène d’une histoire humoristique.
- L’ébahissement d’un très jeune papa sur les réactions de son bébé de 3 mois face au livre.
Que pouvez-vous dire, conseiller à une personne qui hésiterait à intervenir auprès de ce public ?
Elle n’est pas seule. Elle peut s’appuyer sur son binôme pour le choix du livre. Ne pas se sentir frustrée si une famille refuse notre offre de lecture. Nous proposons…ils disposent… Il y a souvent des rencontres inattendues mais de belles surprises.
Quels sont vos outils ? (Pour aller à la rencontre de ce public, pour échanger avec eux, outils de médiation,…)
- Attirer son public par quelque chose de ludique : illusions d’optique, devinettes.
- Proposer un essai… avec une lecture courte ou un livre surprenant (pop up par ex).
- Grouper si cela est possible des enfants d’une même tranche d’âge.
Un livre qui a bien marché avec eux ?
Pour les – de 5ans,
« Bébé lézard, bébé bizarre » H. S. Kang Ed. rue du Monde
Pour les préados, ados, parents,
Un extrait de « Le médianoche amoureux » : La légende de la peinture de Michel Tournier.
Au contraire, un livre qui n’a pas fonctionné ?
Textes trop longs au delà de 20 minutes de lecture.
Soutenir la parentalité
Des lectures en présence des parents ont également lieu en maison de quartier et dans les centres sociaux. Certaines bibliothèques accueillent ponctuellement des bénévoles Lire et Faire Lire pour des lectures partagées parents/enfants.
La CAF de la Vendée apporte son soutien à Lire et Faire Lire dans le cadre du développement de nos actions de soutien à la parentalité.
Sophie Ignacchiti, docteur en psychologie du développement, dit que » par son positionnement, sa présence, sa bienveillance et son désir de partage, le lecteur bénévole peut représenter pour le parent une possibilité d’identification, une piste à suivre pour guider l’enfant dans l’univers du livre et de la lecture et lui permettre d’en extraire un bénéfice, celui de la triple rencontre : la rencontre avec l’objet, la rencontre avec l’autre et la rencontre au plaisir d’un temps de lecture partagée. »