Dans le cadre du partenariat entre l’Inrap, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage et la Ligue de l’enseignement, la maison de quartier La Vallée Verte à La Roche-sur-Yon a accueilli, pendant un mois et demi, l’archéocapsule «De sucre et de sang » autour de l’archéologie de l’esclavage colonial.
Le partenariat entre l’Inrap, la FME et la Ligue
En décembre 2020, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et la Ligue de l’enseignement se sont réunis autour d’un partenariat. L’objectif est de transmettre la connaissance de l’histoire de l’esclavage grâce à l’archéologie. Ensemble, ils mutualisent leurs compétences et leurs moyens pour aller sensibiliser le public, en particulier les jeunes.
Qu’est-ce l’Archéocapsule «De sucre et de sang » ?
Produite par l’Inrap, les archéocapsules sont des expositions itinérantes informant sur une question contemporaine à travers l’archéologie. Grâce à l’archéologie moderne, l’objectif est de permettre aux personnes de prendre du recul et de poser un nouveau regard sur les sujets abordés. Ces petites expositions mêlent l’illustration, l’archéologie et l’Histoire.
« De sucre et de sang » est le nom de l’achéocapsule autour du thème de l’esclavage colonial. Elle est produite par Thomas Romon et illustrée par Amélie Fontaine.
« C’est bien qu’ils fouillent comme ça, nous on comprend mieux. »
L’objectif, l’intérêt de l’exposition ?
« C’est important de parler de l’esclavage pour dire que c’est mal, que ça fait du mal et pour dire que ça existe toujours sous d’autres formes, pour qu’on arrête de traiter les gens comme ça. »
Cette archéocapsule, diffusée dans le réseau de la Ligue, a pour but d’informer les jeunes et de transmettre la mémoire de l’esclavage. Elle cherche à renouveler nos regards sur cette partie de l’Histoire grâce aux découvertes archéologiques récentes. A travers son parcours pédagogique, elle permet de remettre en question nos connaissances à ce sujet.
Cette exposition est aussi un outil de déconstruction des préjugés et de lutte contre le racisme. Elle sert à humaniser les personnes mises en esclavage et leurs souffrances. Elle cherche à montrer l’inhumanité de l’esclavage et ainsi combattre les discours justificatifs qui aujourd’hui encore nourrissent les préjugés et le racisme.
Le parcours pédagogique
Aidée des nombreux repères scientifiques et du livret pédagogique élaborés par la FME et l’INRAP, la Ligue de l’enseignement propose un parcours d’animation d’une heure et demi autour de cette exposition. Le but est d’aller à la rencontre du jeune public pour leur transmettre l’histoire de l’esclavage et des clés pour comprendre notre société aujourd’hui. Camille AGOUNKE, chargée de missions à la ligue 85, a proposé ce parcours à des groupes d’enfants de 6 à 17 ans des accueils de loisirs de la ville ou lors d’accompagnement à la scolarité.
A travers des panneaux composés de dessins, de textes explicatifs et de photographies de découvertes archéologiques, l’exposition aborde différentes thématiques :
- La capture : qui capturait et vendait les esclaves ?
- La déportation : le voyage à bord des navires négriers et le commerce triangulaire.
- L’habitation : comment s’organisait une plantation ? Quelles étaient les conditions de vie des esclaves ?
- La culture issue de l’esclavage : maloya et gwoka, des expressions artistiques issues de cette période.
- Les cimetières d’esclaves : Comment les fouilles des cimetières par les archéologues alimentent la connaissance des conditions de vie des esclaves ?
- Le marronnage : la résistance des esclaves
- La mémoire enfouie de l’esclavage : comment l’archéologie révèle un passé occulté ?
Pour chaque panneau, les enfants ont commencé par parler de l’illustration. Ils ont abordé ce qu’ils comprenaient et ce qu’ils ressentaient en la regardant. A partir de ses premières impressions, Camille a développé les informations associées. Des photographies de découvertes archéologiques sont utilisées pour montrer le rôle des fouilles dans la compréhension des événements. Par la suite, les enfants ont replacé ces découvertes sur une carte pour pouvoir repérer où elles ont été retrouvées. Camille a utilisé différents supports pour permettre aux enfants de rester attentifs. Au delà de l’exposition, le public a découvert des vidéos, des musiques, des textes, des images et des livres traitant de l’esclavage. Ces différents éléments permettent d’enrichir l’apport de l’exposition.
Les retours des enfants
« Je pensais que ce n’était pas grand-chose, en fait c’est énorme ! »
Les retours des enfants montrent que l’archéocapsule et le parcours pédagogique qui l’entoure portent leur fruit. Elle permet aux jeunes de découvrir ou redécouvrir les réalités de l’esclavage colonial ainsi que de comprendre l’ampleur et la violence qui se cachent derrière.
« Ce qui m’a choquée c’est qu’ils étaient vraiment maltraités. Au début, je pensais que c’était juste des petits travaux domestiques. »
« J’avais déjà étudié l’esclavage à l’école mais je ne savais pas que les noirs avaient autant souffert. »