Une convention de partenariat a été signée, jeudi 14 septembre 2017, par le Président du Conseil départemental de Vendée, Yves AUVINET, et par le Directeur de l’enseignement catholique, Christophe GEFFARD. [1]
Soyons clairs. Si l’on admet que toute religion n’engage et ne doit engager que ses croyants, n’est-il pas illégal et inique de détourner les deniers publics de notre République laïque au profit d’intérêts privés ?
L’offensive cléricale et le reniement de la République
Selon le directeur diocésain, cette convention contribuera, entre les deux réseaux scolaires existants, à « une liberté de choix des familles dans l’équité ».
D’après le dictionnaire, « est équitable ce qui ne lèse personne ». Or, le Diocèse de Vendée prêche et agit pour que les Vendéens deviennent « […] d’ardents missionnaires de la Nouvelle Evangélisation. »[2] Loin de promouvoir des connaissances et des principes universels, loin de rechercher une morale commune, l’école catholique enseigne sa croyance et ses dogmes.
Ainsi, sont lésés et blessés tous ceux qui n’adhèrent pas au « caractère propre » catholique, tous les fidèles au service public, laïque, de la République, et en droit d’exiger, – c’est le cas à Talmont-Saint-Hilaire – de nouveaux collèges en Vendée.
L’oubli de la loi de 1905 et de la Constitution de 1958
La laïcité, dont le but premier est la concorde, repose sur la disjonction, la « déliaison », entre le pouvoir politique et une religion.
Indifférente à la discrimination qu’elle crée, la « fille aînée de l’Église » – « enfant gâtée de la République »– demande davantage de privilèges, jusque dans la gestion du calendrier scolaire. La parité du financement qu’elle obtient pudiquement, sans publiquement le demander, ne renvoie nullement à la parité des obligations. Cette inégalité confirme donc l’iniquité d’une convention qui finance un communautarisme, et se fond dans le « denier de Saint-Pierre ».
Après la loi Falloux de 1850, il y aura la loi de 1905, et notre Constitution de 1958 qu’il est encore bon de relire et d’appliquer.
De l’hypocrisie et de l’injustice à la moralisation de la vie publique
À l’évidence, il n’y a pas « équivalence » entre un établissement public et un établissement privé. Mais un rapprochement est utile quand il « rend service » financièrement.
Un tel financement contrevient au devoir de neutralité confessionnelle de la puissance publique envers les Églises. Il n’empêche que, pour l’une d’elles, les vertus de pauvreté et d’humilité s’accommodent d’un insolent favoritisme. [3]
Le « serment de Vincennes » du 19 juin 1960, après l’adoption de la loi DEBRÉ du 31 décembre 1959, est clair : « […] l’effort scolaire de la République [doit être] uniquement réservé à l’École de la Nation, espoir de notre jeunesse. »
Des mesures de moralisation et de laïcisation s’imposent pour servir la paix scolaire. Les lois anti-laïques sont à défaire. « École privée-fonds privés ». La justice républicaine veille à ce que les deniers publics ne soient pas détournés de l’intérêt général. Elle est étrangère au cléricalisme comme au clientélisme.
Bureau du 22 septembre 2017
Fédération des Œuvres Laïques de Vendée, Ligue de l’enseignement
- [1] Ouest-France du vendredi 15 septembre 2017.
- [2] Messe anniversaire de la fondation du diocèse de Luçon – Cathédrale Notre Dame de l’Assomption Dimanche 13 août 2017 – Homélie prononcée par son éminence le Cardinal Robert Sarah.
- [3] « D’un voile d’équité couvrir mon injustice […] », lit-on dans Andromaque de RACINE (IV, 5).